Cet été, j’ai convaincu mes adolescentes de m’accompagner dans une randonnée de
quatre jours en autonomie complète à Ste-Tite-des-Caps. Pour ces deux jeunes filles qui
trouvent toujours de bonnes excuses pour se sauver quand je les invite à monter des
montagnes, la marche est haute. Je trouve que c’est mon devoir d’initier ma
progéniture au plein air comme mes parents l’ont fait pour moi. Oui, on peut avoir du
fun sans Wifi pendant toute une semaine!
Est-ce que tant d’efforts en valent la peine?
Préparer l’expédition, c’est stressant. Je n’ai pas le droit à l’erreur. Je sais que mes ados
vont me punir avec leurs regards courroucés dès que les choses vont se corser. Il risque
de pleuvoir ou de faire trop chaud et il n’y a pas beaucoup de sources d’eau sur les
sentiers. Évidemment, je ne me pardonnerais pas qu’elles manquent de bouffe ou qu’elles
aient froid.
L’investissement d’argent est quand même important, car je dois équiper tout le
monde. Je décide de mettre de l’argent aux endroits prioritaires : l’achat des bottes de
qualité, de matelas de sol compacts et de sacs de couchage légers. Je refile mon sac de
50L à l’une des demoiselles, et pour l’autre, je réussis à en emprunter un. Toutefois, je
suis moins chanceuse : je dois sorti des boules à mites mon vieux pack-sac des années
90, une antiquité à moitié trouée.
Je dois jouer à la cheerleader à toutes les étapes, parce qu’elles ne sont pas enchantées
par le projet de marcher toute la journée dans des nuages de bébittes et de dormir par
terre. Nous sommes prêtes à partir pour Charlevoix et je me pose la question : est-ce
que tout ceci en vaut la peine?
Manger et boire, cette « source » de motivation
Quand je prépare mes expéditions, je suis capable d’évaluer combien d’eau je dois boire
et combien de nourriture je dois emporter, pour être confortable. Le grand défi de la
longue rando avec des enfants, c’est de deviner ces quantités à leur place.
Mon filtre à eau tout neuf s’enraye dès la première utilisation. Heureusement que
d’autres touristes dans le refuge ont une seringue avec eux pour que je puisse faire un
backwash. La gestion de l’eau potable sera une source de stress pendant l’ensemble de
la randonnée.
Chaque jour, je me rends compte que le prochain repas est une grande source de
motivation pour continuer à avancer, surtout dans les grosses montées, on pense au
«macaroni réconfortant» ou au «pâté chinois».
J’ai acheté la crème des repas lyophilisés des magasins de plein air pour que les repas
soient variés et excitants. Mais c’est une erreur : je regrette pas mal d’avoir payé autant
d’argent! Mes enfants n’ont pas aimé le goût des festins à 20$ le sac.
Si c’était à refaire, je crois que nous mangerions le même repas chaque jour. Du gruau le
matin, des soupes ramen le midi et des pâtes le soir. Le tout pour moins de 10$ par
personne par jour. C’est de loin ce que mes enfants ont préféré.
Les petites distances
Quand j’avais appelé l’organisme pour réserver les refuges, on m’avait donné le choix
entre une randonnée de 4 jours (avec une journée de 14 kilomètres) ou de 5 jours
(divisant la grosse journée en deux). Je n’ai pas regretté d’avoir passé la nuit à l’Anse-
aux-vaches. Et ce, même si un petit animal se déplaçant l’entretoit a terrorisé mes
enfants.
Je crois que pour éviter de décourager les néophytes qui ne sont pas habitués à
randonner, il est utile de commencer par les plus petites distances possibles. On ne sait
jamais quand une aura mal aux pieds et l’autre, au genou.
Et quel plaisir que de jouer au « trou-de-cul » tout l’après-midi en famille, n’est-ce pas?
Coup de théâtre
Mes enfants viennent me voir complètement abasourdie : « Maman, il y a nos profs de
cinquième année! » En effet, mes enfants viennent de tomber nez-à-nez avec deux
enseignantes de leur école primaire. Elles les saluent et jasent un peu avec elles, mais
restent perturbées. Elles vont voir leurs profs en pyjama, les voir utiliser de la soie
dentaire et même se rendre compte que madame Annie ronfle!
C’est ça, la vie en refuge : on partage un espace restreint avec n’importe qui.
Bilan
Je crois que ce qui m’a le plus marqué de mon expérience, c’est tous ces gens croisés
dans les refuges qui m’ont dit : « Wow, à treize ans, j’aurais détesté passer toute une
semaine avec ma mère et elle n’aurait pas aimé ça non plus. » J’ai eu la chance de jaser
pour vrai avec mes enfants. Ce sont des souvenirs qui resteront avec moi pour le reste
de ma vie.
Est-ce qu’elles revivraient une telle expérience? Après la rando, mes filles m’ont
annoncé, alors que nous dégustions une délicieuse poutine, que oui, elles repartiraient
avec moi… dans sept ans!
Jacques Chaput says
Très bonne expérience réalisée ! Et bien raconté, surtout le choux des repas qu’elles auraient préféré.
Hélène Rompré says
Merci pour ce commentaire. Les pauvres, elles ont aussi fait une expédition de canot.
Daniel LEFEBVRE says
Et où irez-vous dans 7 ans, au. Tibet
Un beau témoignage j’ai bien aimé te lire ce matin
Anne-Marie Aubin says
Très intéressant! Belle expérience que tes filles n’oublieront pas et referont peut-être à leur tour! Bravo!
Anne Préfontaine says
Oui l’investissement temps et argent valaient largement le coup! Bravo d’avoir planté cette graine sportive chez tes filles.
Céline Bureau says
Quel expérience agréable dont elles aussi se souviendront longtemps. Bravo à tes filles et à toi.
Martin Thériault says
Merci pour le beau récit!