L’été, plusieurs Québécois se dirigent vers les majestueuses montagnes rocheuses pour effectuer une longue randonnée en Alberta. Mais à quoi doivent-ils s’attendre, outre à rencontrer BEAUCOUP BEAUCOUP de Québécois férus de plein-air? Pour vous aider à imaginer ou à préparer ce voyage, voici quelques amusantes péripéties que j’ai vécues lors de mon voyage dans les Rocheuses, grâce à Marie-Soleil Cordeau qui m’a fait découvrir sa province d’adoption.
Texte et photos : Hélène Rompré
Apprivoiser le vertige
Lors de notre première randonnée, Turbine Canyon, dans le parc Kananaskis, au Sud-Ouest de Calgary, le premier choc a été celui des scrambles. J’aurais dû m’en douter : on parle de montagnes « rocheuses», après tout! Lorsqu’on randonne dans certaines trails de l’Alberta, il faut apprendre à marcher sur des pentes presque verticales composées de petits cailloux prêts à débouler sous nos bottines.
Moi qui ai déjà randonné dans les Andes, les Alpes et les Adirondacks, je n’avais jamais vu de tels paysages de garnotte à perte de vue! La première fois que je me suis engagée dans un scramble, je me sentais aussi brave que Neil Armstrong sur la lune… pendant les trois premières minutes. Sauf que le vertige s’est invité dans ma rando et que je me suis mise à paniquer à l’idée d’être emportée dans un glissement de terrain. J’ai rebroussé le chemin.
J’ai fini par comprendre que les scrambles sont plus impressionnants que dangereux. J’ai surmonté ma peur petit à petit et j’ai réussi à grimper sur ce genre de terrain. Sinon je ne serais allée nulle part!
Des campings propres et bien organisés
Pour préparer une longue randonnée en Alberta, il faut généralement réserver à l’avance, parfois dès janvier, sur des sites comme celui de Parcs Canada et celui de Alberta Parks. Voici un site utile pour trouver des randonnées intéressantes : Great Divide Trail. Le mot clé pour effectuer des recherches sur Internet sur la longue rando est « backcountry ». Consultez le blogue de Parcs Canada, les groupes facebook de randonnée en Alberta et les vidéos Youtube.
J’ai compris pourquoi les places de backcountry camping se font si rares. Les campings dans les parcs provinciaux et nationaux, même pour les expéditions de longue randonnée sont bien entretenus. Par exemple, chaque terrain dispose de boîtes de métal, très utiles pour ranger sa nourriture à l’abri de la faune. Il n’est pas obligatoire de trainer des bear canisters ou de hisser ses repas dans un endroit surélevé. Chaque terrain a un numéro et un compartiment de métal pour ranger ses choses.
Ma seconde anecdote prouve aussi que l’Alberta, c’est propre.
Cœurs sensibles, s’abstenir.
Je me lève un bon matin à une dizaine de kilomètres de la civilisation dans le parc Kananaskis. Je bois mon café en regardant le lac et en écoutant le chant des oiseaux quand tout à coup un hélicoptère se pose devant moi.
Mais que se passe-t-il donc? Un touriste en détresse? Un glorieux sauvetage? Une albertaine m’indique que sa province est très généreuse avec les infortunés puisque les opérations de secours s’effectuent gratuitement par des équipes professionnelles, tel que ce site le confirme.
Mais ce n’est pas la raison pour laquelle cet hélicoptère est venu troubler mon petit déjeuner.
C’est plutôt SOS Bécosse descendu du ciel. Une équipe de nettoyage saute de l’hélico, déplace la cabine d’aisance et attache le réservoir de métal qui contient les restes des entrailles des campeurs à une chaîne de métal. Je regarde, médusée, mon repas d’hier s’envoler dans le ciel, laissant une traînée de morceaux de papiers de toilette valser dans les airs.
Wow, l’Alberta, c’est propre.
Penser à amener des gougounes
J’ai également eu la chance de découvrir Fryatt Valley Trail dans le parc national de Jasper… Un endroit sublime avec des montagnes verdoyantes et des rivières turquoises… Bon, les couleurs étaient moins vives que d’habitude en juillet 2021, puisque l’Alberta s’était transformé en BBQ géant à cause des épouvantables feux de forêt en Colombie-Britannique. Nous avions parfois l’impression de randonner dans une « discothèque » des années 80 à cause de la fumée! Mais c’était beau pareil.
Surtout, n’oubliez pas d’accrocher vos gougounes sur votre sac à dos!
Dans mes randonnées antérieures, il m’était arrivée de sauter de roche en roche sur des petits ruisseaux… Mais dans les Rockies, il faut parfois carrément traverser des rivières plutôt glaciales en tentant de garder l’équilibre. Essayez de sautiller en bottes de rando parce que vous êtes trop paresseux pour changer de chaussures et vous pourriez bien… finir votre trail complètement mouillée!
Préparez-vous à vous faire licher
Si les randonnées backcountry sont les plus spectaculaires que j’ai faites, les randonnées de jour sont également intéressantes. J’ai fait Mount St. Piran, Little Beehive and Agnès Lake, Plain of Six Glaciers, Sulphur Mountain, Edith Cavell Meadow, Iceline et j’en oublie probablement! (Merci à Nathalie, Denis, Anne et Michel qui m’ont accueilli dans leurs vans pour une couple de jours!)
Ne faites pas la gaffe de vous louer une Toyota Corolla en vous disant que c’est moins cher. Les chemins qui mènent à la plupart des départs de sentier sont raboteux et abrupts. Louer un 4×4 n’est pas un luxe.
Mais attention, préparez-vous à ce qu’une équipe de nettoyage vienne s’assurer de la propreté de votre véhicule. C’est ce qui nous est arrivés lorsque pendant un pique-nique, des dizaines de chèvres de montagne se sont mises à licher inexplicablement l’auto : les pneus, le parechoc et même le dessous. Il a été impossible pour nous de quitter le stationnement avant qu’elles aient terminé!
Qui a peur des méchants grizzlys?
C’est un peu cliché, mais en Alberta, il y a des grizzlys.
Partout où l’on randonne, on entend les clochettes que les randonneurs ont accrochées à leurs sacs à dos…alors que ce n’est pas véritablement utile. Parcs Canada suggère plutôt de chanter, de parler, et surtout de transporter du poivre de cayenne (bear spray), pour se prémunir contre les ours trop agressifs.
J’étais confortablement installée dans ma tente dans le très sécuritaire parc de Jasper quand j’ai entendu des grognements étranges que j’ai attribués à un gros, gros, gros chien.
Un passant m’a crié : « There’s a bear, stay in your tent. »
Très surprise, je suis évidemment resté immobile jusqu’à ce que les pas… et surtout les grognements… s’éloignent. J’ai réussi à apercevoir le derrière de ma grizzlyne à quelques mètres de moi (c’était une femelle selon les employés de Parcs Canada).
Cette ourse a piétiné mon emplacement parce qu’il y avait de beaux framboisiers. Heureusement, je n’avais aucune nourriture avec moi dans ma tente et mon shampoing à la citronnelle l’a laissée indifférente.
Après une nuit passée à me dire qu’un grizzly, dans le fond, c’est vraiment mignon, le voisin est venu me montrer la photo qu’il avait prise. L’ourse s’était frottée sur ma tente! C’est à ce moment que je me suis rendue compte qu’elle était passée pas mal plus près de moi que je le croyais.
Voici donc mon dernier conseil pour vous si vous voulez passer le meilleur séjour possible en Alberta : ne lisez pas l’article Wikipédia suivant. Surtout si vous prévoyez dormir dans une tente dans le parc national de Jasper
Marcel Vincent says
Vraiment un très bon article Hélène, drôle et bien documenté qui va être utile…