Explorer Terre-Neuve en kayak

Texte et photos : Nathalie Couture

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Au cours de l’été 2022, nous étions de retour à Terre-Neuve après un premier voyage dix ans plus tôt. Cette fois-ci, nous étions en camper van, avec nos kayaks sur le toit, décidés à explorer et expérimenter la mer et ses beautés. On avait apporté nos drysuits, nos wetsuits et préparé des cartes GPS des côtes que l’on voulait explorer. Si vous n’êtes pas familiers avec Terre-Neuve, il faut savoir que c’est une côte très déchiquetée, avec beaucoup de lacs, grottes et cavernes le long des côtes, des oiseaux nichant sur les parois.

L’île est surnommée ‘’The Rock’’, car c’est en fait  un gros caillou, très aride et rocheux dont les rives escarpées limitent l’accès à l’eau. Pour mettre toutes les chances de votre côté, il vaut mieux vérifier la direction des vents et les marées pour la période où vous comptez être en mer. La température est très changeante, et si vous devez vous mettre à l’abri, il vaut mieux planifier soigneusement son itinéraire pour ne pas être pris au dépourvu.

Bon! Ces recommandations semblent bien alarmistes, mais l’eau est un élément dangereux à traiter avec prudence. Ceci dit, il n’y a pas que la mer à explorer à Terre-Neuve;  il y a de nombreux lacs intérieurs et des rivières plus tranquilles qui permettent aussi de pagayer, en kayak ou en canot.

Notre première sortie s’est effectuée au parc de Sandbanks, au sud-ouest de l’île, près de Burgeo. Il s’agit d’un endroit parfait pour un premier contact avec la mer puisque l’on est dans une immense baie protégée avec plein de petites îles et îlots, dans un bassin très peu profond où, à marée basse, il y a à peine deux pieds d’eau sous le kayak. L’eau est claire et on voit bien  le fond marin; on a l’impression de flotter au-dessus de l’eau. Le plus beau est qu’il y a très peu de monde à Terre-Neuve, et encore moins de touristes dans cette région. Alors, si vous cherchez la paix, vous la trouverez avec, en prime, les plus beaux paysages de la nature qui soient. On a adoré cette escapade et on en aurait redemandé si le temps ne nous avait pas manqué pour poursuivre la route. En prime, si vous êtes là en juillet-août, vous pourrez cueillir des chicoutais (appplebake) à profusion; un vrai délice.

Presque seul au monde.

Petit conseil donc : prévoyez une bonne semaine dans ce parc magnifique et méconnu. De un, la brume est souvent au rendez-vous et ne se dissipe souvent qu’en après-midi. De deux, il y a

énormément de sorties de kayak à y faire. Un coup de cœur pour nous. Si vous voulez pousser l’isolement, allez explorer le village côtier de François, accessible seulement en bateau. Vous pouvez transporter votre kayak sur le bateau, mais vous pouvez aussi juste opter pour de la rando dans les sentiers qui mènent au-dessus du fjord : le paysage est aussi majestueux que dans le parc du Gros Morne et l’endroit n’appartient qu’à vous seuls! Un vrai luxe.

Notre deuxième expérience de kayak s’est passée à Bottle Cove, dans le parc de Blow Me Down, à Lark Harbour; un autre coup de cœur. On y a fait notre première incursion en mer ouverte. C’est un peu challengeant au début, on a un peu la frousse des vagues, mais le kayak tient bon et on se détend tranquillement en longeant la côte, mais pas de trop près à cause des ressacs,, car y habite une colonie d’oiseaux nichés sur la falaise que l’on ne peut voir qu’en kayak. Par une journée de ciel bleu sans nuages, c’est de toute beauté.

Notre troisième sortie était au lac de Trout River dans le parc du Gros Morne : un lac immense avec un rétrécissement au centre où l’on peut camper. On peut aussi monter la tente à l’extrémité complète du lac, à 16 km du départ, d’où on a accès à une randonnée.  La particularité de ce lac est son relief singulier. D’un côté, il est longé par les fameuses Tablelands, des montagnes arides et orangées où il n’y a aucune vie animale. En vis-à-vis, des falaises verdoyantes avec des cascades. Le spectacle est des plus grandioses quand on voit dans son ensemble ce paysage contrasté, et ces parois si hautes qu’elles nous donnent l’impression d’être dans un canyon.

Nous nous sommes arrêtés pour dîner sur une plage de galets. Au retour, on a fait une pause sur une plage de sable avec une petite baignade dans une eau relativement chaude et agréable. On était seuls sur le lac à part quelques petites chaloupes à moteur qui passaient pour aller pêcher ou se trouver une plage solitaire.

Un vrai paradis de calme et notre plus belle sortie en kayak, en tout cas pour ma part, puisque ce fut mon avant-dernière sortie avant mon mal de dos. Cette trop longue sortie de 16 km en kayak; en position assise qui n’est pas très naturelle, m’a appris à la dure qu’il faut penser à prendre plusieurs pauses, sinon, on risque de se blesser…

Au parc du Gros Morne, il y a eu les retrouvailles avec notre amie Marie-Claude qui voyageait avec ses amis de kayak. Une belle gang avec qui on s’est baignés, on a fait des randonnées et du kayak dont une petite sortie tranquille sur le lac Lomond.

Twillingate est un must pour tout kayakiste : une superbe côte et des criques en quantité. En raison de ma blessure à la jambe, Denis était seul à pagayer. Il s’est alors joint à une sortie avec la compagnie Rock Adventures qui offre des excursions en kayak. Généreux, ils n’ont même pas chargé de frais à Denis, vu qu’il avait son propre kayak. Une escapade de deux ou trois  heures dans la baie, avec en prime, au loin, quelques baleines.

Un autre must! La plage du village de Durell, à l’est de Twillingate, d’où on peut partir faire du kayak ou de la randonnée sur les sentiers Rockcut Twillingate Trails https://rockcuttrails.ca/ . Magnifique! Prévoyez quelques jours à cet endroit; les couchers de soleil y sont sublimes!

Des couchers de soleil qui réchauffent le cœur

Entre terre et mer, Terre-Neuve offre un accueil sans pareil à ses visiteurs.