Un texte de Christine Boyer.
Pour le long weekend de la Saint-Jean-Baptiste, nous avions prévu descendre la rivière du Lièvre, entre le lac Table et le confluent de la rivière Mitchinamecus, mais Dame Nature et ses aléas météorologiques en ont décidé autrement. Comme on m’avait demandé d’écrire un petit article concernant la sortie sur la Lièvre, j’ai pensé vous écrire à la place cet article sur les outils à notre disposition pour évaluer le débit d’une rivière pour une sortie sécuritaire.
Sur le site http://www.cartespleinair.org/Canot/infodebile.html, il y a l’outil Info-Débile (oui, oui, c’est le bon nom. Mes doigts n’ont pas erré sur le clavier) qui permet de connaître le débit de plusieurs rivières. Sur ce site, il y a une charte identifiant le niveau « minimum » (trop bas), le niveau « bon » et niveau « haut » (excitant ou dangereux) de plusieurs rivières. Prendre note que les débits identifiés par cet outil sont à titre indicatif puisque les débits sont parfois extrapolés à partir d’une station localisée en aval de la section à canoter ou à partir d’une station localisée sur un autre bassin versant.
Au moment de décider si on maintenait notre sortie, le débit de la Lièvre était de 175,8 m3/sec et celui de la Mitchinamecus était de 37,2 m3/sec. Comme la rivière Mitchinamecus coule dans la rivière du Lièvre en amont de la station de la rivière du Lièvre, je déduis le débit de la station Mitchinamecus du débit de la Lièvre pour connaître le débit de la Lièvre en amont de la rivière Mitchinamecus, soit : 175,8 m3/sec -37,2 m3/sec = 138,6 m3/sec, soit un niveau « haut » (excitant ou dangereux).
Comme ce débit était légèrement supérieur au débit « haut » de 130 m3/sec pour la portion de la Lièvre en amont de la rivière Mitchinamecus (160 m3/sec – 30 m3/sec = 130 m3/sec), que nous sommes des canoteurs d’expérience et que nous connaissons très bien cette section de la rivière, nous aurions pu prendre la décision de canoter la rivière. Toutefois, d’autres indicateurs nous ont fait changer d’idée, dont les données du Centre d’expertise hydrique du Québec (CEHQ).
En cliquant directement sur l’hyperlien de la station dans le tableau d’Info-Débile, il est possible de visualiser les données historiques du CEHQ concernant le débit à la station :
Sur le graphique précédent, le débit des derniers mois est représenté par un trait rouge ou bleu. Le débit moyen est représenté par un trait en vert. Le débit maximum est représenté par un trait en gris et le débit minimum est représenté par un trait mauve. Sur le graphique précédent, en date du 20 juin (trait rouge), la Lièvre avait dépassé le débit maximum des 42 dernières années (trait gris). Les niveaux d’eau étaient donc très élevés pour cette période-ci de l’année.
Un second graphique nous a aidé à prendre notre décision, soit celui qui présente le détail des prochains jours :
En glissant notre curseur sur le graphique, il est possible de visualiser le niveau projeté de la rivière. Au 24 juin, date prévue pour débuter notre sortie, le CEHQ estimait le débit à la station de la Lièvre à 223,39 m3/sec avec un intervalle de confiance variant de 159,24 m3/sec à 263,25 m3/sec et celui de la Mitchinamecus à 37,94 m3/sec avec un intervalle de confiance variant de 29,12 m3/sec à 43,67 m3/sec. Le débit projeté de la Lièvre en amont de la Mitchinamecus était de 185,45 m3/sec avec un intervalle de confiance variant de 130,12 m3/sec à 219,58 m3/sec, soit un niveau « haut » (excitant ou dangereux) peu importe l’intervalle de confiance utilisé.
Cette hausse du débit de la rivière s’expliquait par les prédictions météorologiques des prochains jours. En effet, selon Météo Média, de 10 mm à 19 mm de pluie était prévus pour les 36 prochaines heures à Mont-Saint-Michel, d’où la hausse anticipée du débit de la Lièvre pour les prochains jours :
De mon côté, depuis près de 10 ans, je note les débits et mes impressions des rivières canotées ainsi que les impressions d’amis canoteurs. Voir le tableau suivant :
Ce petit outil maison me permet de me remémorer les conditions d’une rivière à un débit donné. Souvent, on me demande à quel débit on a canoté la rivière X à la date Y. Sachez, que vous pouvez retrouver vous-même cette information à partir des fiches signalétiques des stations du CEHQ. Par exemple, pour rechercher un débit historique pour la station de la Lièvre, il suffit d’inscrire dans votre moteur de recherche préféré les mots « Fiche signalétique CEHQ Station 040624 ». En cliquant sur « Données journalières », vous aurez accès au débit quotidien des 42 dernières années pour cette station.
Un dernier petit bémol, le débit acceptable pour une sortie en rivière varie en fonction de plusieurs facteurs tels que le type d’embarcation, votre expérience (nombre de kilomètres d’eau vive pagayée par année) et le poids du matériel transporté (bagages et canoteurs). Comme la cotation d’un débit varie selon plusieurs facteurs, c’est votre responsabilité de prendre une décision éclairée avant de partir ou non sur une rivière afin de pas prendre de risques inutiles. Notamment en consultant la carte de la rivière afin de déterminer si on a l’expérience requise pour la section à canoter, en pagayant avec des personnes d’expérience et en reconnaissant ses limites lorsque Dame Nature vient jouer les trouble-fêtes.
Sur ce, je vous souhaite un bel été!
Christine Boyer
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