Par Anne Préfontaine
Vous n’avez pas encore choisi votre destination vacances 2023? Et bien, si l’envie vous titille de découvrir
une nature sauvage et l’accueil chaleureux d’un peuple insulaire, je vous conseille Terre-Neuve qui offre
une gamme d’activités de plein air. Nous y avons passé six semaines de mai à juillet 2022 à bord de
Libertad, notre véhicule récréatif. Nous y étions tôt en saison dans l’espoir d’y observer des glaciers et des
baleines.
Chasser les glaciers
Quelques rayons de lumière se glissent au pourtour des rideaux. Le vent hurle et on entend le fracas des
vagues qui se brisent sur les rochers. Pourtant, il fait bon à l’intérieur de Libertad et tous les éléments sont
réunis pour rester bien au chaud sous la couette. Malgré le confort, l’envie de retourner admirer les deux
petits glaciers dansant sur les eaux agitées de la baie lors de notre arrivée le soir précédent, nous fait
sauter dans nos vêtements chauds.
Le paysage qui s’offre à nous a des airs de bout du monde tant l’atmosphère est particulière. Le temps est
gris, la bruine fouette notre visage et le vent ralentit notre progression. Des deux glaciers aperçus hier soir
à notre arrivée, un seul est visible, l’autre s’étant fracassé sur les rochers. Seuls à braver les intempéries
dans cet endroit perdu où il y a au plus cinq maisons, nous empruntons un sentier menant à un sommet
rocheux d’où on a une bonne vue sur le glacier qui se balance au gré des vagues.
Nous sommes à Carol, tout près de St. Anthony tout au nord ouest de Terre-Neuve. Pour voir les icebergs
il faut oser le printemps à Terre-Neuve, c’est-a-dire des températures froides, de forts vents et de la neige
selon la latitude. À une occasion il faisait -2oC au petit matin. Mais, bien habillé ça allait. Ce n’est qu’à la
mi-juin que j’ai enlevé mes combines et mon manteau d’hiver, quoique le soir je le ressortais parfois.
La chasse au glacier se fait grâce à l’application Iceberg Finders sur Facebook qui répertorie les endroits,
photos à l’appui, d’icebergs aperçus par d’autres chasseurs de glaciers. Il est difficile de croire que ces
immenses rochers de glace montrent qu’un dixième de leur hauteur le reste étant caché sous l’eau.
En nous rendant à Twillingate nous avons fait une petite rando menant à un autre glacier d’une belle taille
qui, coincée dans la baie, ne pouvait fuir la horde de paparazzis. J’exagère un peu, disons plutôt quelques
photographes car, entendons nous, à Terre-Neuve il y a rarement foule et c’est franchement un de ses
charmes.
Encore dans la région de Twillingate nous avons repéré un glacier tout petit tant il était loin. Lors de
notre retour deux jours plus tard, il en avait profité pour voguer vers la cote et, sur son chemin, se
sectionner en deux parties qui se berçaient doucement au gré des flots. C’est là que Michel a trouvé un
glaçon pour son scotch.
Finalement, notre dernière observation a eu lieu en juin. Bon, oui vous pouvez sourire car il a plutôt l’air
d’un gros glaçon que d’un glacier mais ça valait le petit détour pour aller le montrer à ma sœur Agathe qui s’était jointe à nous pour une partie du voyage.
Chasser les baleines
Nous avions de grosses attentes au sujet des baleines à bosses de St.Vincent qui, selon les informations
touristiques, s’y pointent l’aileron à la mi-juin. L’itinéraire était donc construit en fonction de leur arrivée.
On avait plein de belles images de baleines en tête et v’la tu pas qu’on apprend de John, l’ouvrier du centre d’information touristique, qu’elles ne sont pas encore en train de danser dans les eaux de St.Vincent parce que le froid retarde l’arrivée des capelans dont les baleines se nourrissent goulûment.
Voila que nos attentes prenaient le large. Mais la plage de sable qui s’étendait à l’infini nous offrait une
promenade en prix de consolation. Puis on s’est dit que Terre-Neuve avait été si généreuse jusque là et que ce n’était pas terminé. On a donc poursuivi notre voyage dans la bonne humeur.
Puis, le jour avant de prendre le traversier et de quitter l’île, j’apprends d’une amie qui l’avait appris de la
propriétaire de son AB&B que les baleines sont arrivées à St.Vincent. J’hésite un peu, c’est tout de même
à 200 km de distance. Michel tranche et on roule vers St. Vincent pleins d’espoir.
Dès notre arrivée, on voit des baleines qui font des allers-retours dans la baie. Nous sommes surpris de
constater qu’elles sont assez proches du rivage. On a beau marcher dans leur direction, rien n’y fait, elles
sont plus rapides que nous et s’éloignent continuellement. On fait alors le yo-yo sur la plage.
Arrivant toujours trop tard, on décide de s’installer bien confortablement dans nos transats (le mot est joli
car en réalité on a plutôt de vielles chaises) et de les observer avec les longues vues. Nous nous sentons
comblés par ce magnifique spectacle agrémenté de la mélodie des jets d’eau des cétacés. En fin d’après
midi, un nouveau son s’ajoute lorsque que des baleines à bosses y vont d’un jam bien rythmé en frappant
leur aileron sur la surface de l’eau. Enfin, elles ajoutent quelques pirouettes pour la fin triomphale de cet
opus si mélodieux. WOW! Ça valait vraiment la distance parcourue.
Au coucher du soleil on arpente une autre fois la plage pour profiter de la richesse de cette province
pourtant si pauvre économiquement.
Nous passons la nuit installés dans le stationnement de la plage et au petit matin nous observons les locaux qui se rendent au bout de la baie en tout-terrain. Nous réalisons qu’il vont cueillir les capelans qui ont roulé sur la plage. Branle bas de combat, on trouve un sac et on se dirige nous aussi vers ce garde-
manger à ciel ouvert. On cueille les fringants un à un, s’émerveillant de leurs vibrantes couleurs. C’est un autre moment de grâce qui se prolonge lorsque nous les dégustons les pieds dans le sable et les cheveux
au vent.
Et, laissez moi vous dire, il n’y a pas que les baleines qui aiment les capelans.
A Port-aux-Choix, nous avons aussi assistés à un souper spectacle des baleines jouant dans les eaux du
golfe St-Laurent. Un autre très bon moment.
La chasse aux pêcheurs et à leurs prises
Lors de notre passage printanier, la pêche aux homards et aux crabes battait son plein. Ainsi nous avons
pratiqué la chasse aux pêcheurs afin d’en apprendre plus sur cette industrie, sur leur vie et pour en acheter directement de la mer. Nous avons fait vraiment de belles rencontres et mangé à plusieurs occasions des crustacés plein de fraîcheur et de saveur. Je tiens à partager une de ces rencontres pour illustrer la générosité des terre-neuviens.
Lors d’un arrêt pour le lunch, Michel observe un bateau qui entre au port. Je suis donc dépêchée pour
établir un contact avec les pécheurs. Évidemment, j’entame la conversation en posant plein de questions
sur leur pêche. Des caisses et des caisses de crabes sortent de la cale et sont empilées l’une sur l’autre sur le lift qui les transportera à l’entrepôt réfrigéré à quelques mètres de là. Je demande aux pêcheurs si je
peux acheter des crabes. On me répond de voir avec le chef qui me demande combien j’en veux. Trois, lui
dis-je, et de me répondre, mais oui je vais vous en donner. J’insiste pour payer ces belles bêtes mais rien
n’y fait. Et voila qu’il glisse quatre gros crabes bien vivants dans un sac de vidange vert qu’il me tend le
sourire aux lèvres. Pouvez-vous imaginer le mien?
L’été dernier, Terre-Neuve semblait être la destination de l’heure. À ceux qui n’ont pas encore visité cette
province canadienne et qui êtes amants de la nature, c’est définitivement une destination à découvrir.
Chaque saison offre une texture différente et sa panoplie d’activités de plein air. Terre-Neuve, c’est le
sentiment de liberté, l’accueil chaleureux et la gentillesse des insulaires, la nature dans toute sa grandeur,
l’océan de tout bord tout côté, des réseaux de randonnées pédestres dans tous les villages, des sorties
kayak et bien plus encore.
C’est définitivement un gros coup de cœur. Ça vous tente?
vers vers l’Anse aux Meadow nous avons croisé plusieurs orignaux
Marcel Vincent says
Wow tout un voyage, nous y sommes allé il y a 39 ans Carole et moi, de beaux souvenirs mais on y était pour 2 semaines. On y avait été à la mi-juin et nous avions vu les icebergs même à cette date, peut-être moins bon de nos jours.
Vraiment très intéressant plusieurs du club y sont aller l’an passé, je prends contact avec vous à votre retour pour vos coups de cœurs et quelques infos.
Marcel.