Ma traversée du GR 10
Texte et photos de Christine Ferland
Je vous dis tout de suite que je ne suis pas une fervente de randonnée pédestre. Je vais occasionnellement aux Etats-Unis marcher dans leurs grosses montagnes. Je ne randonne pas vraiment dans mon coin de pays qui est Les Laurentides. Mais curieusement c’est moi qui ai demandé à mon amie Diane de venir avec moi faire le GR10 (sentier de grande randonnée).
J’ai découvert le GR10 en cherchant des sentiers pour mon garçon qui voyageait en Europe. J’ai ainsi réussi à convaincre ma chum qui avait tout son été de libre elle aussi, de venir randonner dans les Pyrénées. Nous sommes parties du 1 juillet au 20 août 2024. Le GR 10 traverse les Pyrénées sur tout le sud de la France. Il monte les cols et redescend dans les villages de montagnes régulièrement. Pour genoux avertis! Le périple commence à Hendaye sur la côte atlantique et se termine à Banyuls en mer Méditerranée. Nous avons ainsi marché en suivant les balises blanches et rouges du GR10! Au niveau du balisage, au printemps 2024 des bénévoles avaient tout repeint et ce fut très facile à suivre. Nous avions aussi chacune une application sur nos cellulaires pour suivre la piste. C’est avec Gaia que ce fut le plus facile de suivre le parcours.
922 km – 55 000m de dénivelé + et – et 46 jours de marche
On se prépare comment ?
- Préparation physique
Bof…on reste actif, on court, on fait du vélo…Mais nous n’avons pas entrepris de programme de mise en forme particulier. Nous avons marché en moyenne 20 km par jour, ce qui nous faisait 8 heures de marche environ. Comme nous avons commencé notre périple dans le pays Basque, le dénivelé était doux et ce fut tant mieux parce que malgré notre forme physique, la première semaine fut bien plus difficile que nous l’avions imaginée. J’ai réalisé que les muscles de randonnée ne sont pas les mêmes que ceux du vélo !!!
- Préparation matérielle
Côté équipement, nous avons tout pesé! Pour un voyage comme ça, tu choisis ton manteau le plus léger, tes pantalons les plus minces, tu te permets 3 bobettes, 2 paires de bas…vraiment le strict minimum… Hors de question d’apporter du superflu !! Le poids du matériel et du sac fait la différence sur le bonheur durant le voyage. Tous les morceaux dans notre sac étaient analysés pour savoir si oui ou non ils étaient nécessaires. Toute notre vie se retrouvait dans notre sac de randonnée. Notre linge, notre couchage, nos communications et notre argent.
Mon voyage m’a fait réaliser combien nous accumulons du matériel dans la vie. Des choses inutiles souvent, des choses au cas où… Je me suis prouvée à moi-même que je pouvais survivre avec le minimum.
On a eu la chance de se laver chaque soir…ou presque !!! Dans la vie de tous les jours, ce n’est pas une question que nous nous posons. Ça va de soi. Mais durant notre voyage la question était quotidienne et comportait une dose d’angoisse. Nous n’avions pas souvent une douche! Mais nous avions une rivière, un ruisseau, une source…la chance quoi! Nous lavions l’essentiel chaque soir à la main et on faisait sécher sur le sac à dos le lendemain. C’était une certaine façon de se reconnaître entre GRdistes!!
Le quotidien et l’approvisionnement
Chaque jour, nous avons marché, monté des cols, descendu vers des villages. Le lendemain on repliait notre bagage, lavait les gamelles et on repartait pour un autre 20 km et du dénivelé. Le plus compliqué était de planifier les déplacements avec les horaires des marchés pour se ravitailler. Les épiceries n’étaient pas présentes partout. C’est survenu que nous sommes arrivés dans un village pour un ravitaillement et que l’emplacement qui devait être une épicerie était un comptoir de pizza pour emporter avec une étagère de biscuits secs et de pots de terrine. C’était la première fois que je transportais en rando une pizza pliée en 4 dans un ziplock pour notre diner du lendemain. C’est aussi arrivé de manger comme repas du soir du couscous et du thon en boite et, le lendemain, du thon en boite et du couscous. 🙂 On faisait changement des fois et on mangeait de la semoule. Hahaha! Les repas pris en gîtes d’étape et dans les refuges compensaient largement par contre. Dans ces emplacements, les repas sont servis à tout le monde en même temps, souvent vers 19-20h. Tous les pèlerins mangent ainsi ensemble à la même table en se partageant les plats. C’était des moments particuliers pour faire de belles rencontres. Vous vous demandez quelle est la différence entre les gîtes d’étape et les refuges? Et bien les gîtes sont près du GR10, en bordure du village et de la route. Donc autant les marcheurs que les touristes en voiture peuvent s’y rendre. Les refuges sont en pleines montagnes et ne sont accessibles qu’aux randonneurs. Ce sont de gros bâtiments qui peuvent accueillir jusqu’à 60 personnes et, la plupart du temps, ne comportent pas de douches.
Tout l’été nous avons croisé des bergers avec leurs brebis. C’était des moments vraiment magiques d’entendre les cloches des troupeaux de brebis. Une musique marquante! Nous avons croisé également beaucoup de chevaux et de vaches. Tous ces animaux se promènent en toute liberté comme nous, en montagne pour l’été.
C’est tout à fait bucolique!
En conclusion
Ma traversée du GR10 a été une expérience incroyable. Une aventure de liberté, de nature, de grandeur et de simplicité. J’ai vécu un bonheur simple de marcher à travers ces montagnes si impressionnantes. Chaque soir je me suis couchée dans ma tente en me sentant choyée d’être au milieu de cette si vaste nature.
Pour de plus amples informations : https://gr10.org/
Lise Brunet says
Wow, bravo, quelle belle aventure! Vous me donnez le goût de partir aussi. Puis-je savoir le poids approximatif de votre sac à dos contenant tente, réchaud, fuel et nourriture?
Merci
christine ferland says
Nous avions entre 12 et 16 kg. Bien évidemment, c’était en fonction de ce que nous trouvions et de l’eau a transporter. Il est important avant de partir de faire des choix judicieux et de bien analyser ce que nous apportons. autant par rapport au poids du matériel que sa durabilité.
Rachel Gagnon says
Quel trip, tu m’impressionnes Christine. Merci pour le beau partage, cela donne le goût…
Diane says
Dependamment de la bouffe entre 25 et 35 lbs
christine ferland says
Ca vaut vraiment la peine! C’est magnifique.
Jacques Chaput says
WOW ! Quel beau « trip » Christine !
Tu m’impressionnes vraiment, toi qui n’est pas très rando, mais quand même en forme.
Merci pour tout tes bons conseils qui seront très appréciés pour celles/ceux qui suivront tes traces.
Et c’est vrai que la réflexion se fait sur notre surconsommation et nos besoins essentiels !
Merci aussi à toi Anne pour l’introduction toujours aussi pétillante 😉
Marcel Vincent says
Tout un trek ma chère Christine, impressionnant pour quelqu’un qui n’est pas une maniaque de rando. Un très bon article qui nous donne une bonne idée des enjeux de préparation et des défis à réaliser pour cette grande traversée. Très bonne mise en page…Anne